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Pyschologie et
Créativité
Lacan a formulé plusieurs fois que la psychanalyse doit être réinventée par chaque analyste. On peut aussi se demander ce qui peut être requis de l’analyste dans chaque séance en terme de réinvention ponctuelle, c’est-à-dire, d’improvisation. Le cadre dans lequel se déroule une rencontre est, selon moi, à considérer comme celui à l’intérieur duquel les transformations subjectives se produiront. C'est pour cela qu'une certaine spontanéité et de l'improvisation me semble intéressante à penser dans une pratique telle que celle de psychologue clinicien.
J'ai compris peu à peu que le psychologue peut parler beaucoup plus avec les patients, rire avec eux, les questionner et formuler une idée, sans craindre de tomber dans la dimension de la suggestion ou de la réponse à la demande. C'est pourquoi il m'a semblé que recevoir un patient nécessitait une invention et une réinvention permanentes de ma part. L’improvisation dans la prise en charge n’est pas ponctuelle mais elle régit toute la pratique, selon moi.
Improviser implique la présence de l’Autre, spectateur ou auditeur, situé dans une position de récepteur d’une chose surprenante. Comme dans les arts, dans la psychanalyse, l’improvisation est soumise à des règles et s’il est possible d’improviser c’est dans la mesure où il existe un sentier antérieur sous-jacent. Dans l’improvisation, il s’agit d’entrelacer le connu avec l’inconnu. Pour moi, donner de la place à l’inconnu c'est laisser place à l'inconscient. Pour moi, improviser c'est aussi laisser la place à la surprise qui produit des effets sur le patient mais aussi sur le psychologue. Puisque le psychologue opère par le non savoir, la dimension de la surprise, de l'improvisation ont été, pour moi, partie prenante de mon expérience.
La question du cadre et de son aménagement engage la créativité du thérapeute. Cette créativité n'implique pas nécessairement que la théorie soit mise totalement de côté puisque longtemps après le départ du patient, le thérapeute continue de penser à son cas. Avec le temps, les versions se succèdent, comme si, rien ne pouvait épuiser le sujet. Si, dans son analyse, le patient produit de multiples versions de son histoire, il en va de même pour l’analyste vis-à-vis du patient : les versions de son acte peuvent se succéder et éclairer chaque fois de façon nouvelle un pan de l’histoire du patient et de sa thérapie. C’est dans cette mesure aussi que l’on peut penser que l’analyse est un processus sans fin.